Interview du Directeur Général, in Le Magazine Spécial CGECI ACADEMY 2024

Q: La Banque internationale pour le commerce et l’industrie de la Côte d’Ivoire (BICICI) fondée en 1962 a connu récemment un changement d’actionnariat avec l’entrée d’investisseurs institutionnels nationaux notamment BNI (21,5 %), CNPS (21,5 %), CGRAE (12,5 %), CDC-CI (12.5 %), Brandon & Mcain Capital (19 %), autres personnes morales (3,2 %) ainsi que des personnes physiques (9,8 %). Comment se porte la banque aujourd’hui ?

M.D.: La BICICI se porte très bien aujourd’hui et nous en voulons pour preuves les derniers résultats réalisés. Pour rappel, la BICICI a réalisé des résultats nets records de 12 391 MXOF en 2022 (+29% vs 2021) et 16 694 MXOF en 2023 (+35% vs 2022). Ce qu’il est important d’indiquer c’est qu’après le changement d’actionnariat, la BICICI est présentement dans une phase de transition. Cela impliquant le changement de son organisation et de ses outils de travail afin de les aligner avec son nouveau statut et ses nouvelles ambitions. Cette phase qui prendra certainement fin en 2025, est délicate pour une banque mais nous avons fait le pari de franchir ce cap tout en maintenant une bonne qualité de service pour nos clients et tout en continuant notre croissance

Q: Quelles sont vos ambitions à moyen et long terme en matière de développement tant en Côte d’Ivoire que dans la sous-région ?

M.D.: Comme indiqué précédemment, notre priorité aujourd’hui c’est de doter la banque d’une organisation et des outils innovants répondant aux besoins de notre clientèle. Parallèlement à cela, nous avons défini nos ambitions à moyen et long terme à travers notre Plan stratégique 2025-2029. Ce qu’il faut retenir c’est que la BICICI souhaite désormais reprendre une place prépondérante dans l’accompagnement de l’économie ivoirienne et le développement des champions nationaux. De par ses missions, la BICICI a toujours joué ce rôle et ambitionne de le faire encore plus, maintenant que les capitaux et les centres de décisions sont nationaux.

Pour y arriver, la banque travaillera sur les cinq prochaines années à renforcer sa croissance, à améliorer son service à travers l’innovation et la digitalisation et enfin, à fournir une expérience client irréprochable à sa clientèle.

A moyen et long terme, la BICICI envisage effectivement une expansion externe à travers l’ouverture de filiales dans la sous-région.

Q: Vous renouvelez votre participation à la CGECI ACADEMY. Quels objectifs visez-vous, quelle est votre cible et quelles sont vos offres ?

M.D.: La BICICI est un partenaire de longue date de la CGECI ACADEMY, ce forum qui constitue aujourd’hui un évènement de référence pour le secteur privé ivoirien. Depuis trois ans (3 ans), la BICICI y participe de façon active avec pour but non seulement de soutenir l’initiative mais aussi et surtout de présenter continuellement des solutions et des offres adaptées aux besoins des participants. Pour cette édition, la BICICI va plus loin en se hissant au rang de Sponsor Gold. A travers cet engagement, c’est un signal fort que nous souhaitons donner à l’ensemble des partenaires économiques :

  • D’abord à la CGECI, notre organisation Patronale : la BICICI est engagée à prendre sa place dans le concert du secteur privé local et à contribuer à toutes les initiatives qui sont de nature à promouvoir et à développer les entreprises en Côte d’Ivoire et en Afrique.
  • Ensuite aux entreprises (clientes et non clientes) ainsi qu’à leurs dirigeants et cadres : la BICICI est plus que jamais engagée pour accompagner leurs projets, en toute confiance.
  • Q: Le thème du forum économique est intitulé : « Quelle industrie des services pour stimuler la performance des économies africaines ? ». Quelle importance accordez-vous aux services dans votre politique de financement des entreprises ?

    M.D.: L’industrie des services occupe une place prépondérante dans notre politique de financement des entreprises à l’instar de la place que ce secteur représente dans l’économie ivoirienne. Pour rappel, l’industrie des services représente plus de 50% de l’économie ivoirienne et cette réalité est applicable à la plupart des pays en Afrique.

    A la BICICI le secteur des services constitue plus de 60% de notre clientèle entreprise. Jusqu’en juillet 2024, environ 50% de nos financements ont été orientés vers ce secteur. Nous souhaitons accroitre notre engagement vis-à-vis de ce secteur les prochaines années.

    Q: La conférencière invitée pour cette 12ème édition est Mme Ngozi Okonjo-Iweala, Directrice Générale de l’Organisation mondiale du Commerce. Qu’espérez-vous de son message au moment où l’Afrique représente à peine 3% du commerce mondial ?

    M.D.: Les enjeux pour le commerce international sont cruciaux et l’Afrique, forte de toutes ses richesses naturelles reste quasiment absente du rendez-vous des échanges internationaux. Pour résoudre ce déficit, il revient d’abord à nos Etats africains la responsabilité de produire et de mettre à la disposition du marché mondial des biens et services à plus grandes valeurs ajoutées.

    Ce que nous attendons de la Directrice Générale de l’OMC c’est de nous partager des best practices de certaines parties du monde qui étaient très peu représentées sur le marché mondial et qui ont su inverser la tendance au fil des années. En plus de cela, nous souhaitons surtout que l’OMC explique comment elle peut accompagner les pays africains en général et la Côte d’Ivoire en particulier à prendre une place plus importante dans le commerce international.

    Q: Quels sont les défis majeurs que les entreprises africaines doivent relever pour une plus grande performance ?

    M.D.: En Afrique, les entreprises et plus particulièrement les PME (puisque le tissu des entreprises dans nos pays est constitué à plus de 80% de PME), et même des analystes, ont tendance à croire que le principal défi c’est le financement, ou alors les conditions qui accompagnent le financement. Cela n’est pas vrai (ou pas totalement vrai). En effet, en Côte d’Ivoire, il y a 28 banques commerciales qui sont au quotidien à la recherche de projets à financer. Ces banques ne peuvent donc pas dans le même temps refuser de financer les PME. De notre avis, le problème est donc à rechercher ailleurs.

    Pour nous, les défis majeurs pour la performance des entreprises africaines se situent à trois niveaux que nous allons citer par ordre de priorité :

    • Au niveau de l’entreprise elle-même :
      • Elle doit fournir une offre adaptée à un réel besoin du marché
      • Elle doit offrir une bonne qualité de service,
      • Et doit surtout assurer une bonne gestion de son activité et ses finances.
    • Au niveau de l’Etat :
      • Il doit garantir un bon environnement des affaires et un cadre favorable au développement des entreprises locales,
      • Il doit mettre en place les infrastructures pour faciliter l’activité économique.
    • Une fois que ces conditions sont réunies, le secteur financier devrait logiquement suivre :
      • En ayant un bon niveau d’appétit au risque
      • Et en améliorant sa qualité de services
      • Et apporter les financements adaptés aux projets des entreprises

    Q: La problématique de la durabilité est au cœur des politiques des entreprises et des Etats dans un contexte de lutte et d’adaptation aux changements climatiques. Quelle est votre politique en la matière y compris pour la finance climatique ?

    M.D.: La BICICI est très sensible à la question de la durabilité et s’intéresse particulièrement à la lutte et à l’adaptation aux changements climatiques parce que c’est un enjeu mondial dont les conséquences et répercussions sont de plus en plus perceptibles dans les pays tropicaux.

    La BICICI a fait de la lutte et l’adaptation aux changements climatiques l’une de ses batailles à travers notamment :

    • La lutte contre la déforestation : de 2020 à 2024, la BICICI à planté environ 2000 arbres / an ;
    • Le financement de projets verts : La BICICI développe des produits nouveaux pour intensifier ses financements verts (financements dédiés à des projets relatifs aux énergies durables et autres). Nous pouvons déjà vous assurer que depuis plusieurs années, la BICICI est très attentive à l’impact environnemental des projets et clients qu’elle accompagne, ainsi que des partenaires et fournisseurs avec qui elle interagit ;
    • La sensibilisation de nos équipes aux 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) afin de faire d’elles, de puissants ambassadeurs du sujet auprès de leurs communautés ;
    • Les partenariats avec des structures de finance climatique : La BICICI noue également des partenariats stratégiques avec les structures nationales et internationales dont la mission est de promouvoir la finance climatique ainsi que les initiatives de lutte contre et d’adaptation aux changements climatiques.